dimanche, juin 21, 2020

LAND ART (en ITALIE), ART DECONFINE







Des graffitis rupestres de l’époque primitive aux empaquetages de Christo : retrouver un rapport entre art et nature n’est pas une mince affaire. L’art s’est trouvé à dialoguer et à interpeller la nature à chaque moment de l’histoire humaine. Mais le chapitre de l’histoire de l’art qui se concentre sur la relation entre l’art et l’environnement a pris une importance de premier plan lors du siècle dernier.


Au commencement fut l’art conceptuel

Le LAND ART commence à la fin des années 60 et s’insère dans un système artistique plus complexe, celui de l’Art Conceptuel et de l’Arte Povera en Italie. 
En effet, le CONCEPTUAL ART américain et l’ARTE POVERA italien émergent  dans le même laps de temps, à savoir entre la seconde moitié des années 1960 et la première des années 1970. 
Une première description de CONCEPTUAL ART nous est donnée par l’artiste et musicien FLUXUS HENRY FLINT, dans un essai de 1961, suivi en 1967 par la publication des Paragraphs on Conceptual Art de SOL LEWITT. En 1968, c’est l’article signé par l'historienne de l'art américaine, LUCY LIPPARD et JOHN  CHANDLER qui met l’accent sur la dématérialisation de l’œuvre, donc sur la primauté de l’idée par rapport à la réalisation.
Se consolide ainsi l’idée de « La Mort de l’auteur » (Seuil, 1984) telle qu’elle fut annoncée dans l'essai de par ROLAND BARTHES, déjà initiée par Minimal Art : l’artiste n’est plus qu’un scripteur et le rôle de porteur de passions, d’humeurs, de sentiments est confié au seul lecteur ou spectateur. Cette “modernité” du texte implique “l'exemption du sens”: “il n'y a pas de fond” à quoi ramener l'oeuvre. La mort de l'auteur conduit, logiquement, à celle du critique, désormais relayé par le “lecteur”. Le “lecteur” représente en effet le lieu où “la multiplicité du texte se rassemble”: “l'unité d'un texte n'est pas dans son origine, mais dans sa destination”.

En ITALIE, sous le label d’ARTE POVERA, utilisé en 1967 par le critique GERMANO CELLANT,  appellation empruntée au teatro povero de Jerzy Grotowski, se regroupent des artistes très différents de ceux del’Art conceptuel américain, les Italiens revendiquant des sources, des motivations tout autant contestataires (politiques et sociales) que conceptuelles. Des revendications politiques et sociales assumées et soutenues essentiellement par le Germano Celant lui-même (cf. le sous-titre de l’article de 1967, Appunti per una guerriglia / Notes pour une guérilla)... Différente la plus grande attention portée à l’individualité de l’artiste.


Quand le paysage est un art


The Floating Piers de Christo, lac Iseo,2016
L’intérêt italien pour les formes anthropomorphes est classé comme attitude "anti-moderniste et anti-technologique", revendique un attachement à une économie rurale et le rejet d’une culture de consommation avancée. Mais la « pauvreté » des matériaux ne doit pas être comprise comme la récupération absolue des valeurs artisanales, plutôt comme la recherche d’un rapport direct avec l’univers environnant, c’est-à-dire comme une pratique artistique visant à valoriser la donnée sensible, l’immédiateté perceptive.
Sur cet humus culturel se greffe le phénomène du Land Art, l’art « écologique » par excellence : là encore, la valeur de l’œuvre n’est pas tant dans l’artefact fini que dans l’idée et le projet qui vont au-delà des fins esthétiques. 
Les œuvres deviennent de véritables actions jouées par l’homme sur la nature, des opérations qui veulent expérimenter une relation complètement à redéfinir et à reconstruire. Dans certains cas, il s’agit de gestes éclatants, d’actions de contraste et d’étrangeté, poursuivis même avec l’emploi de matériaux contre nature. The Floating Piers de CHRISTO, passerelle sur le lac d’Iseo sur laquelle 1,5 million de visiteurs ont marché en 2016, est l’un des exemples les plus récents. 


Qu’y a-t-il d’écologique dans la plupart des ouvrages liés à ce mouvement ? 

Il apparaît clairement que l’art environnemental issu du Conceptual Art n’utilise pas toujours des moyens écologiques environnemental même avec l’utilisation de matériaux naturels. 
C’est le cas de la Spiral getty de ROBERT SMITHSON, mais aussi de beaucoup d'artiste du mouvement de l’Arte povera italien.  Il suffit de penser aux interactions entre artificiel et naturel, entre spontané et construit mis en œuvre par GIUSEPPE PENONE.
 
Spiral getty de Robert Smithson, La Salé, Utha (USA)

G. Penone, moulage en bronze de sa main, en train de saisir le tronc d’un jeune arbre, 2016, Domaine de Chaumont-sur-Loire (France)

D’autres artistes ont préféré l’expérimentation directe et l’implication personnelle, allant jusqu’à proposer des performances et happening pour certains aspects éclatants. Célèbre est l’Exposition de 14 chevaux vivants proposée par JANNIS KOUNELLIS en 1969 ou les actions de l’artiste allemand JOSEPH BEUYS, peut-être l’un des plus importants inspirateurs de l’art environnemental. Toute son œuvre est marquée par une défense acharnée de l’homme, des valeurs humaines et de la nature. 
En 1969, l'installation de J. Kounellis devient une véritable performance avec les "Chevaux" attachés aux murs de la galerie L’Attico de Fabio Sargentini à Rome (Italie)

Dans 7000 chênes, pour la Documenta 7, à Kassel en 1982, Beuys commence la plantation de 7000 chênes, action qui se poursuit sur plusieurs années, sur toute la planète, même après la mort de l'artiste en 1986. Chaque chêne est associé à une colonne de basalte. Les 7000 colonnes de basalte ...La plantation de 7000 chênes est seulement un début symbolique et pour ce début symbolique, j'ai aussi besoin de cette pierre témoin, d'où cette colonne de basalte.
Cette action doit donc montrer la transformation de toute la vie, de toute la société, de tout l'espace écologique ».La plantation de 7000 chênes est seulement un début symbolique et pour ce début symbolique, j'ai aussi besoin de cette pierre témoin, d'où cette colonne de basalte. Cette action doit donc montrer la transformation de toute la vie, de toute la société, de tout l'espace écologique ».


C'est ensuite, un autre domaine intéressant de l’art environnemental qui s’est développé, utilisant des matériaux naturels et biodégradables. L’un des principaux représentants est GIULIANO MAURI qui crée des architectures surprenantes en utilisant des branches entrelacées de différentes dimensions. Ce type d’art, qui reste en dehors des lois du marché, nous ramène à une dimension constructive de la relation entre l’art et l’environnement.

cattedrale vegetale, Giuliano Mauri





 VIAGGI 
NATURE et ART
LAND ART en ITALIE 


SICILE, GIBELLINA, VALLE DEL BELICE 



Gran Creto  et Le Orestiadi di Gibellina
Un exemple unique de land art remonte au tremblement de terre de 1968 qui frappa la Vallée du Belice en Sicile ; à la suite de cette calamité, le maire de Gibellina, Ludovico Corrao, lança un appel aux artistes pour dessiner une nouvelle ville : répondirent Burri, Schifano,  Tomate, Paladin et beaucoup d’autres intellectuels. 
BURI, "Quand je suis allé visiter l’endroit, en Sicile, le nouveau pays avait été presque achevé et était plein d’œuvres. Ici, je ne fais rien de sûr, dit-il aussitôt. allons voir où se trouvait le vieux village. Il était presque à vingt kilomètres. Une petite route sinueuse, brûlée par le soleil, serpente vers l’intérieur du trapanese jusqu’à nous conduire, après des kilomètres d’absence humaine, à un tas de ruines.
J’ai été très impressionné. J’ai presque pleuré. Et tout de suite, j’ai eu l’idée : Voici, je sens que je pourrais faire quelque chose ici. Je ferais ainsi : nous compactons les décombres qui sont un problème pour tous, nous les armons bien et avec le ciment nous faisons un immense Cretto Bianco, pour qu’il reste un souvenir éternel de cet événement. Et voilà !"
La nouvelle ville d’art postmoderne a été inaugurée en 1979 et, en 1984, sur les décombres de l’ancienne Gibellina, Burri jeta une énorme coulée de ciment blanc, créant son célèbre Grand Cretto.




CAMPO DEL SOLE 
OMBRIE, TUORO sul TRASIMENO





Campo del Sole ou un Stonehenge contemporain, réalisé dans la province de Pérouse entre 1985 et 1989 sous la direction artistique d’Enrco Crispolti, sur projet de Pietro Cascella, Cordelia von den Steinen et Mauro Berrettini. 
Le lieu précis se trouve à Tuoro sul Trasimeno, au bord du lac, lieu choisi par l’Administration locale qui a voulu célébrer le siège de la célèbre bataille du Trasimeno où Hannibal réussit à vaincre l’armée romaine. L’œuvre est une architecture concentrique autour d'un "autel' de sculptures, composée de 27 colonnes bleues en pierre serena grise locale où les artistes invités ont pu exprimer librement leur créativité autour du thème de la colonne. Détails


ARTE  SELLA 
MALGA COSTA et CATTEDRALE VEGETALE
TRENTINO, BORGO VALSUGANA














Arte Sella est une grande exposition de Land Art installée dans les bois et les prairies du Val di Sella à Borgo Valsugana dans le Trentino, qui a malheureusement subi de graves dommages à la suite des intempéries désastreuses de fin octobre 2018... L'activité de restauration et de reconstruction a commencé presque immédiatement et en peu de temps la zone muséale a été rouverte au public.

Depuis sa fondation, Arte Sella a vu défiler plus de 300 œuvres, en grande partie écroulées ou démontées par souci de sécurité. Car c'est aussi l'une des particularités de ce musée-jardin que d'intégrer au projet artistique le processus de décadence et de retour à la terre. L'œuvre est ainsi liée au cycle naturel de la vie, elle évolue et acquiert une nouvelle beauté à chaque saison.
Théorisé par l'Italien Vittorio Fagone et l'Allemand Dieter Ronte, historiens d'art, ce courant artistique baptisé Art in Nature trouve ici, dans le Val di Sella, l'une de ses expressions les plus abouties. Le mouvement est né en 1986, l'année de Tchernobyl, désastre humain et écologique. Ce fut aussi l'année de la disparition de l'artiste allemand Joseph Beuys, illustre précurseur de ce courant artistique (cf. Emanuele Montibeller, "l'âme d'Arte Sella")

Trois parcours mènent aux œuvres réalisées dans le Val di Sella : le parcours Area di Malga Costa, le sentier Montura et le parcours Giardino di Villa Strobele.
MALGA COSTA offre un grand parc (payant)où se trouvent entre autres la Cathédrale Végetale et le Théâtre de Sella "Le Cube", le Trébuche de Montagne et le Troisième Paradis - La tranchée de la paix. 
Le sentier de ARTE SELLA (gratuit), qui relie le jardin de Villa Strobele à la zone de Malga Costa, long 4 km, est adapté pour une promenade en famille
Le dernier parcours est celui qui se développe autour de la VILLA STROBELE et de son jardin, où l’on peut admirer d’autres œuvres réalisées par des architectes de renommée mondiale. C’est là qu’est née l’idée de Arte Sella


TRENTINO "SMACH (San Martino art culture history)
 Constellation of art culture and history in the Dolomites"

L’Association touristique San Vigilio/San Martino in Badia, avec le soutien de diverses associations culturelles engagées dans la promotion territoriale, organise le concours pour la biennale "Smach - San Martino art culture history Constellation of art culture and history in the Dolomites", qui invite les artistes et les groupes d’artistes à présenter leurs propres œuvres pour composer une exposition en plein air dans le Val Badia.
L’objectif de la compétition est d’initier le public à l’art contemporain et territorial en éveillant une certaine sensibilité à l’histoire, à la tradition, à l’architecture nationale et à la nature. 

Les œuvres d’art sont installées dur le territoire de San Martino in Badia e Marebbe, dans dix lieux soigneusement sélectionnés entre 1100 et 2300 mètres d’altitude et sont accessibles à travers des sentiers de randonnée.L’exposition, ouverte au public de juillet à septembre, s'accompagnent d'événements culturels. (www.smach.it)

SMACH-VAL dL'ERT
 
SMACH.2015
Val d'Ert, la valle del arte  est un parc de sculptures situé à San Martino in Badia. Il s’agit de l’exposition permanente des sculptures acquises lors des dernières éditions du concours d’art SMACH, installées dans la splendide forêt alpine demeurée intacte. Les œuvres exposées sont celles qui ont été sélectionnées lors des éditions précédentes. Mais cette collection permanente est conçue comme un work in progress, et continue de s’enrichir après chaque édition. SMACH édition 2019




PARC NATUREL DE PUEZ-ODLE
TRENTINO, SELVA DI VAL GARDENA
Dans cette même région, inscrit par l'Unesco au Patrimoine Mondial de l'Humaniteé le Parc de Puez-Odle confirme l'intérêt de visiter les Dolomites. Les groupes montagneux faisant partie du Parc Puez-Odle, formés il y a des millions d’années par des sédiments stratifiés successifs, montrent une variété géologique exceptionnelle. (cf. article



SMACH.2015



ART CONTEMPORAIN DECONFINE
PARCS et JARDINS
TOSCANE 
GIARDINO DEI TAROCCHI
NIKI DE SAINT PHALLE

TOSCANE : LE BOIS SACRE DE BOMARZO

LIEN  

VIGNOBLES
VIN et ART CONTEMPORAIN
Toscane / CASTELLO DI AMA: LIEN

TOSCANE / VILLA-FATTORIA CELLE : LIEN


PIEMONT : "LE VIN A L'EPREUVE DE L'ART" LIEN