vendredi, avril 14, 2023

PERGOLESE ou MERGOLESE ?




 
PERGOLESI


Vue des remparts de Jesi
Giovanni Battista Draghi dit Pergolesi (né le 4 janvier 1710 à JESI —province d’Ancône, dans les Marches italiennes alors partie des États pontificaux— et mort à Pozzuoli le 16 mars 1736), est un compositeur, organiste et violoniste italien de l’époque baroque considéré comme l’un des plus grands musiciens italiens de la première moitié du XVIIIe siècle et l’un des grands représentants de l’école de musique napolitaine. 
Les origines de Pergolèse sont modestes.  Son grand père Gian Battista Draghi quitte le village de Pergola en1635 pour s’installer à Jesi où il exerce le métier de cordonnier. La famille Draghi prend ainsi peu à peu le nom de PERGOLESI (ceux qui arrivaient de Pergola)… Giovanni Battista y est né l4 janvier 1710. Dès l'enfance, il étudie la musique avec Gaetano Greco est Francesco Durante au conservatoire de Naples, un des plus hauts lieux de la musique européenne jusqu’au siècle dernier.
Outre la précocité de ses dons, il est probable qu’une santé particulièrement fragile (une phitsie chronique) ait convaincu ses parents à encourager une carrière si peu conforme à leur éducation. La mort en effet, cueillit Pergolèse en 1736 (à 26 ans) au Couvent des Franciscains de Pozzuoli où il fut enterré le 17 mars. La modestie de ses origines, l’allure légèrement gauche, une sorte de  retenue et de timidité toute paysanne, le dépouillement mystique des formes religieuses du temps ont fortement joué sur l’inspiration musicale du compositeur  confrontée au théâtre de la vie napolitaine du  XVIIIe siècle.
Précoce mais courte, la carrière de Pergolèse qui ne dura que six années, fut active mais ne suscita, du vivant du compositeur, qu’un intérêt modeste. 
Il réussit à réaliser des œuvres de grande valeur artistique et d’importance historique, parmi lesquelles on peut citer, entre autres, La serva padrona, référence fondamentale pour le développement et la diffusion de l’opéra-buffa en Europe, L’Olimpiade, considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de l’opéra serial de la première moitié du XVIIIe siècle et le Stabat Mater, parmi les plus importantes compositions de musique sacrée de tous les temps
Tout au long de sa courte vie, parallèlement à son activité d’opéra, Pergolèse fut un auteur fécond de musique sacrée, mais ce n’est que dans ses derniers mois de vie qu’il composa ceux qui sont considérés comme son héritage le plus important dans ce domaine : il s’agit du Salve Regina de 1736 et du contemporain Stabat Mater pour orchestre à cordes, soprano et contralto, que la tradition veut qu’il ait été achevé le jour même de sa mort.


STABAT MATER 
de PERGOLESE
page du manuscrit autographe du Stabat mater de Pergolese (O quam tristis et afflicta).
Ce Stabat Mater est basé sur un texte liturgique du XIIIe siècle méditant sur la souffrance de la Vierge Marie, mère du Christ. 
Pergolèse compose cette œuvre religieuse pendant les dernières semaines de sa vie, dans le monastère de Pouzzoli. La tradition veut que l’œuvre ait été achevée le jour même de sa mort (16 mars 1736). On ne sait pas si cette anecdote est vraisemblable mais, comme le suggère l’étude de la partition, l’auteur avait hâte d'en terminer, si l'on en croit les nombreuses erreurs typiques de quelqu'un qui a peu de temps devant lui et par l’inscription en bas "Finis Laus Deo", soulagé d’avoir eu le temps de finir le travail. 
La morte di Pergolese scrivendo lo Stabat Mater, vidit suum dulcem natum moriendo desolatum. Disegno a carboncino, matita e gessetto bianco su carta ocra, 1854. Torino, Galleria Civica d'Arte Moderna e Contemporanea
L'œuvre est construite comme une cantate italienne du XVIIIe siècle, avec arias et duos. Pergolèse reprend l'intégralité du texte de la prose médiévale (20 tercets) mais les regroupe parfois dans la même pièce (13 pièces). L'œuvre est écrite pour soprano, alto, cordes et continuo. Elle fut à l'origine et pendant longtemps, chantée par des castrats, ou éventuellement des garçons sopranistes, l’Église interdisant le chant féminin dans les offices !.
Les innovations dans le domaine de la musique sacrée, se trouvent ici d’un point de vue stylistique avec une approche plus sentimentale (théorie des affections), centrée sur le pathos du texte sacré,  et, d’un point de vue technique-composition : allégement des tons austères présents par exemple dans la version de Scarlatti. 
Comme l’indique l’historien et voyageur Charles Burney : « … dès l’instant où sa mort fut connue, toute l’Italie manifesta le vif désir d’entendre et de posséder ses œuvres ». En effet, le mythe qui est né dans toute l’Europe autour de sa vie et de son œuvre après sa disparition représente un phénomène exceptionnel dans l’histoire de la musique. Mozart connaîtra après sa mort un phénomène similaire.
Le Stabat Mater a toujours eu une certaine notoriété. De nombreux musiciens s’en sont inspirés dans certaines de leurs compositions, comme Giovanni Gualberto Brunetti, Camillo De Nardis et Giovanni Paisiello. Johann Sebastian Bach, dans son motet Tilge, Höchster, meine Sünden (BWV 1083).


AUJOURDHUI : 
ÊTES-VOUS PERGOLESE ou MERGOLESE
Avril 2023 : au "Festival Lyon Pascal" 
Hostile à « toute promotion de l’inégalité femme-homme », 
la MAirie de Lyon et son adjointe à la Culture déprogramment 
le STABAT MATER de PERGOLESE en ouverture
pour un STABAT MATER de MERGOLESE
 La Mise au tombeau  Caravage, Musées du Vatican à Rome. 
« Vous comprendrez », explique l’élue, «que la représentation municipale ne peut soutenir une manifestation qui prône la soumission et l’inégalité femme-homme, dans des termes offensants pour nos administré.e.s ». 
EN CAUSE
les vers du quatorzième tercet :   Juxta crucem tecum stare et me sibi sociare in planctu desidero. "Près de la croix, avec toi rester et m'associer avec toi, dans le deuil, voilà mon désir."  Le texte de la séquence évoque la souffrance de Marie lors de la crucifixion de son fils Jésus-Christ.
À SAVOIR : STABAT MATER signifie en latin « la mère se tenait debout ». C'est à l'origine un texte du XIIIe siècle qui évoque la scène religieuse de la crucifixion et la douleur de la Vierge au pied de la croix. Cette scène tragique, la perte d'un fils, est intemporelle... et ce sont les mots d’une mère dont il s'agit (MARIE).
LA POLEMIQUE : 
Pour Kevin Pageot, préposé à l'association "Veille des Solidarités et du Vivre-ensemble inclusif" : une « incitation d’un autre âge à abdiquer toute autonomie féminine. »….
 Fabienne Lotte, qui dirige le "Concert des Canuts" depuis 2011, ayant refusé de modifier son programme, on donnera donc. « la parole aux voix étouffées » et le concert s’achèvera sur un « Stabat Mater de Mergolèse » (Diapason) !!!

La Pietà de Michel-Ange (basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome, Italie)...  Jusqu'à quand ?