L'ITALIE DE MICHELLE GASTAUT BLOGUE: décembre 2017

LA MONTAGNE : MONTE AMIATA

Le massif montagneux, dit MONTE AMIATA, est un ancien volcan des Appenins toscans, culminant à 1738 m, voisin de la Maremme, du Val d'Orcia et du Val di Chiana avec un versant Grosettan et un versant Siennois sur lequel se trouve le village d'ABBADIA SAN SALVATORE. En Toscane, cette "région" est un îlot naturel et sauvage, préservé du tourisme de masse, qui permet de partir dans le silence, à la conquête de la montagne, à travers les bois de hêtres et de châtaigniers.... de profiter aussi, dans ce décor forestier qui change au gré des saisons, du paysage magique des concrétions calcaires blanchâtres qui accompagnent les petites cascades et les "piscines naturelles" à 30°/40°(Bagni di San Filippo) ... ou du voile neigeux qui l'enveloppe en hiver.
Cette montagne et sa pierre volcanique ont toujours eu quelque chose à voir avec le destin de sa population. De la construction de l'abbaye au VIIIe siècle jusqu'à l'ouverture des mines de mercure grâce à l'exploitation du cinabre, qui permit de passer d'une société archaïque à une société industrielle sans pour autant détruire son identité. Ces deux âmes "rocheuses" d'Abbadia survivent encore aujourd'hui : l'une palpite dans la pierre médiévale d'Abbazia, l'autre est conservée au Parco Museo Minerario

L'ABBAYE SAN SALVATORE : LA LEGENDE

Au pied de la montagne se trouvait un sapin blanc dans l'attente d'un roi… Un jour de la moitié du VIIIe siècle, ce prince arriva. Le sapin commença alors à s’épanouir et à diffuser ses rayons éblouissants sur Ratchis, prince des Longobardi. Il se rapprocha et aperçu, à la cime de l’arbre, le visage du Sauveur. C’est donc, en cet endroit précis, qu’il décida de construire, avec les pierres sombres de la montagne, une église destinée à traverser les siècles : L’ABBAZZIA di SAN SALVATORE qui, dans sa splendide crypte en croix latine et dans le secret de ses trente-six colonnes, a hébergé pendant plus de mille ans la Bibbia Amiatina ou Codex Amiatinus (version latine de la Bible, traduite par Jérome de Stridon, entre 390 et 405) conservée aujourd'hui à la bibliothèque Laurentienne de Florence .

Autour de l'église s'est construit le village d' Abbadia dont les pierres grises s'illuminent des bûchers qui, à la veille de Noël, font revivre la légende du beau sapin et de la stupeur d'un roi oublié.
La réalité était plus politique et économique : le monastère situé sur les pentes du mont Amiata permettait d'une part la protection et le contrôle du trafic le long de la stratégique via Francigena, et entrainait d'autre part, le développement agricole de la Tuscia longobarda.

LA NOTTE DELLE FIACOLLE

Chaque 24 décembre, Abbadia San Salvatore, sur le Monte Amiata, revit à l'unisson cette veillée, cette fête sacrée au point de se perdre dans la mémoire et dans la nuit des temps... cette soirée n'est pas seulement le moment rêvé dans l'attente de Noël, pas seulement le moment de renouveler des liturgies ancestrales transmises de père en fils et petit-fils, mais l'apogée parfaite d'un moment incomparable qui s'est enraciné dans le coeur et dans l'ADN de chaque habitant d'Abbadia.
Les préparatifs commencent dès les premiers jours de décembre dans les bois du Monte Amiata, avec l'abattage des arbres (autorisés par la Comunità Montana) qui serviront à dresser, devant l’Abbaye et en divers points du village (borgo antico et borgo nuovo), une trentaine de pyramides. Le 8 décembre commence alors le travail des équipes de quartier (squadra) coordonnées par les capifiaccola. Ces squadra composées d’habitants enthousiastes de 18 à 80 ans seront responsables de leur propre fiaccola, gardiens du feu depuis la première souche jusqu’à la dernière braise.

S’ensuit, le jour-dit, un rituel immuable : à 18 heures, devant la Mairie et la population rassemblée autour de la pyramide de bois, haute de sept mètres, commence la cérémonie d’ouverture avec la “Benedizione del Fuoco” qui intronise la nuit magique. Sur fond de chants de Noël et des traditionnelles pastorelle, entamés par la population, le premier capo se hisse au sommet pour allumer le premier autel de bois et ensuite transmettre le feu aux Capi Fiaccola, qui en cortège, vont partir allumer leur propre fiaccola…

Le feu crépite et les étincelles s'envolent dans le ciel sombre de la nuit ; et voilà que dans le crépuscule de cette nuit froide de décembre, la chaleur de plus en plus pressante s'insinue en vous, réchauffant les corps ...mais aussi l'âme. L'atmosphère devient alors unique, comme est unique cette tradition en Italie...Dans les rues, à la lueur des feux de bois, des chants, des rires, de la joie et la sérénité d'une population qui se retrouve sur les places pour renouveler une amitié communautaire... en attendant la messe de minuit dans l'abbaye, la fête se poursuit autour d'un buffet, proposé par chaque équipe, qui offre tartes aux châtaignes et vin chaud... plus tard, dans les premières braises, ce sont des saucisses qui sont grillées...

le capofioccola et son équipe veilleront sur le feu toute la nuit pour qu'aucun retour de flamme ne vienne mettre en péril la magie de ce conte de Noël.

C'est la nuit de la Veillée de Noël à Abbadia San Salvatore, la nuit des flambeaux,

la NOTTE DELLE FIACOLLE

BUON NATALE

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