lundi, novembre 07, 2022

Giuseppe Verdi, Nabucco, le Chœur des Esclaves





BUON NATALE

FELICE ANNO NUOVO




"VA PENSIERO" 

LE CHOEUR DES ESCLAVES
Les Éditions Buchet-Chastel (29 septembre 2022)


Extrait de l’opéra Nabucco créé en 1842, cet air entendu mille fois au cinéma fait partie des « standards » que tout le monde reconnaît mais dont beaucoup ignorent la signification :  concert de soutien aux troupes italiennes engagées dans la Première Guerre mondiale ; une rencontre des jeunesses nazies et fascistes ; une manifestation pour l’école dite « libre » ; un concert hommage à Ground Zero ; un spectacle commémorant les cinquante ans d’Israël ; un meeting de la Ligue du Nord ; une manifestation de Gilets jaunes… Tous ces événements ont en commun un point culminant : l’interprétation du « Chœur des esclaves » de Verdi.
" En racontant l'histoire de cet air et en revenant sur les usages successifs qui en ont été faits, tant en politique que dans les arts, Antonin Durand décrypte l’un des opéras les plus joués au monde et va à l’encontre ce faisant de bon nombre d’idées reçues. Entre « lieu de mémoire » et chronique de l’Italie des xixe et xxe siècles, cette biographie d’un air où se mêlent musique, patriotisme et histoire, donne à voir toute la force de l’œuvre de Verdi.Avec Nabucco, Verdi offre aux Italiens un opéra épique, mais qui ne tarde pas à devenir un symbole politique. Le chœur « Va pensiero » incarne la liberté tant désirée et le rêve de l’unification de l’Italie. L’enthousiasme patriotique irrigue l’oeuvre et tranche avec les partitions de Bellini et de Donizetti auxquelles le public est alors habitué."


NABUCCO 9 mars 1842
Nabucco met en scène une histoire d'amour, sur fond de conflit de pouvoir et de guerre. Le 9 mars 1842, Nabucco est créé à la Scala de Milan. C'est le 3ème opéra de Verdi.
Aux temps bibliques, le peuple hébreu est réduit en esclavage par Nabucco, roi de Babylone, qui insulte leur Dieu et s'en trouve foudroyé. Sa fille présumée, Abigaïlle – en réalité une esclave –, prend le pouvoir et condamne à mort les Hébreux et Fenena, la véritable fille de Nabucco.
Avec Nabucco, Verdi offre aux Italiens un opéra épique, mais qui ne tarde pas à devenir un symbole politique qui évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone., Célèbre pour le chant "Va pensiero", le chant des hébreux, chœur des esclaves opprimés qui incarne la liberté tant désirée et le rêve de l’unification de l’Italie. L’enthousiasme patriotique irrigue l’oeuvre et tranche avec les partitions de Bellini et de Donizetti auxquelles le public est alors habitué. 


NABUCCO ROMA 12 mars 2011
Ce jour où la représentation s'est transformée en tribune politique. 
Rome debout pour Riccardo Muti
Le chef italien, qui dirigeait "Nabucco", de Verdi, a appelé à un "Risorgimento de la culture"

Le 12 mars 2011, l'Italie fêtait le 150e anniversaire de la création de Nabucco. Pour l'occasion, l'opéra de Giuseppe Verdi était dirigé à Rome par Riccardo Muti, devant un parterre de personnalités, dont Silvio Berlusconi. 
« Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention des politiciens. Avant la représentation, GIANNI ALEMANNO, le maire de Rome, est monté sur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans le budget de la culture du gouvernement. Et ce, alors qu’Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi.
Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu… Alors que le chœur arrivait à la fin du chant va pensiero, dans le public certains demandaient déjà un « Bis ! »... et le public commença à crier « Vive l’Italie ! » et « Vive Verdi ! » . Des gens du poulailler (places tout en haut de l’opéra) commencèrent ensuite à jeter des papiers remplis de messages patriotiques – certains demandant « Muti, sénateur à vie ». MUTI hésita à accorder le « bis » pour le Va pensiero car pour lui, un opéra doit aller du début à la fin. « Je ne voulais pas faire simplement jouer un bis. Il fallait qu’il y ait une intention particulière. . 
Mais le public avait déjà réveillé son sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné sur son podium, faisant face à la fois au public et à M. Berlusconi, et voilà ce qui s’est produit : 
Après que les appels pour un « bis » du « Va Pensiero » se soient tus, on entend dans le public : « Longue vie à l'Italie ! Muti répond : « Oui, je suis d’accord avec ça, “Longue vie à l’Italie” et c’est alors qu’il invita le public à (re)chanter avec le chœur des esclaves. Tout l’opéra de Rome se leva suivi du chœur qui lui aussi se leva... Muti s'adressa à la salle: "Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l'histoire de l'Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment "belle et perdue". cf. la vidéo de ce moment

Lien de l'intégralité de la représentation Arte Full Video