Actualité : avril 2015
AUX ORIGINES DU POP
CINEMATHEQUE FRANCAISE PARIS
Du 9 avril au 19 juillet 2015
Lu, Me à Sa 12h-19h
Nocturne le jeudi jusqu'à 22h
Dimanche 10h-20h
www.cinematheque.fr
Actualité : septembre 2006
MICHELANGELO ANTONIONI
Quatre films de Michelangelo Antonioni viennent récemment de faire l'objet d'une belle édition : Un coffret propose
Chronique d'un amour, La Dame sans camélias, Le Désert rouge
avec en supplément un documentaire sur le cinéaste comprenant
d'étonnantes images d'archives, deux courts métrages réalisés par lui à
ses débuts (Nettoyage urbain de 1948 et La Rayonne de 1949) ainsi qu'un
entretien avec une universitaire sur Le Désert rouge.
Mais aussi un DVD
Profession : Reporter (Carlotta edition).
CRONICA DE UN AMOR (CHRONIQUE D’UN AMOUR)
: 1950 - avec : Lucia Bose (Paola Molori), Massimo Girotti (Guido),
Ferdinando Sarmi (Enrico Fontana), Gino Rossi (Carloni, le détective).
En
retrouvant son ancienne maîtresse, mariée sans amour à un riche
industriel, un homme ravive le souvenir d'un meurtre provoqué il y a
plusieurs années (il a laissé tomber sa fiancée d'alors dans une cage
d'ascenseur). Les deux amants reprennent leur liaison et envisagent
l'assassinat du mari.
Pour son premier long métrage, réalisé en
1950, Antiononi signe une œuvre originale. Il adopte le schéma du film
noir (enquête de détective, projet de meurtre, lumière tamisée) mais
cette histoire classique d’ amants criminels y est traité sans
dramatisation avec en toile de fond la tension sociale existant entre
les deshérités de l'après guerre et ceux qui profitent largement du
"miracle économique" du plan Marshall.
LA SIGNORA SENZA CAMELIE (LA DAME SANS CAMELIA) 1952/53 avec : Lucia Bosè, Andrei Checchi, Gino Cervi, Ivan Desny
Lucia
Bosé tient, dans La Dame sans Camélias un rôle prévu à l'origine pour
Gina Lollobrigida. Une actrice de cinéma, mariée à un producteur
ambitieux et jaloux, devient la maîtresse d'un diplomate qui ne voit en
elle qu'une aventure d'un moment.
Le film confirma à la fois le
regard impitoyable que le cinéaste pose sur les hommes, qui se montrent
souvent d'une veulerie et d'une lâcheté sans nom envers les femmes, mais
aussi “ce goût de l'ellipse et cette forme de décentrement” qui ont
caractérisé la modernité du cinéma d'Antonioni ( l'action principale se
passe alors hors champ, la caméra quitte les protagonistes à des moments
intenses).
IL DESERTO ROSSO (Le desert rouge) - 1964 - Avec : Monica Vitti (Giuliana), Richard Harris (Corrado Zeller), Carlo Chionetti (Ugo).
La
femme d'un ingénieur de la région industrielle de Ravenne a sombré dans
une sorte de névrose. Une brève liaison avec un collègue de son mari
n'apportera aucun apaisement à son angoisse. À noter l’usage magnifique
de la couleur, l'invention d'espaces monochromes, l'irruption de taches
vives, mais aussi la brume et la fumée…
Cette
fois-ci, déclarait Antonioni, il ne s'agit pas d'un film sur les
sentiments. Les résultats obtenus dans mes précédents films qu'ils
soient bons ou mauvais, beaux ou laids sont ici dépassés et caduques. Le
propos est tout autre : auparavant c'était les rapports des personnages
entre eux qui m'intéressaient mais ici le personnage central est
confronté aussi au milieu social, ce qui fait que je traite mon
histoire d'une façon toute différente. Il est trop simpliste, comme
beaucoup l'ont fait, de dire que j'accuse ce monde industrialisé,
inhumain où l'individu est écrasé et conduit à la névrose. Mon intention
au contraire, (encore que l'on sache souvent très bien d'où l'on part
mais nullement où l'on aboutira) était de traduire la beauté de ce monde
où même les usines peuvent être belles. La ligne, les courbes des
usines et de leurs cheminées apparaissent peut-être même plus belles
qu'une ligne d'arbres que l'œil a déjà trop vue. C'est un monde riche,
vivant, utile. Ce que je veux
dire : en situant l'histoire du désert rouge dans le monde des usines,
je suis remonté à la source de cette sorte de crise qui comme un fleuve
reçoit mille affluents se divise en mille bras pour enfin tout submerger
et se répandre, partout.
PROFESSIONE : REPORTER
(PROFESSION : REPORTER) – 1974 - Avec Jack Nicholson (David Locke),
Maria Schneider (la jeune fille), Jenny Runacre (Rachel, l'épouse de
Locke)
Le Desert Rouge, premier film en couleur et dernier film
avec Monica Vitti, Antonioni va mettre un terme à la partie italienne
de sa carrière pour devenir le réalisateur de films “internationaux”
(cf
Blow-up,
Zabriskie Point et
Profession : reporter).
C'est
l'histoire d'un homme qui va en Afrique pour tourner un documentaire.
Il se trouve un jour devant l'opportunité de prendre la personnalité
d'un autre et, pour des raisons personnelles qui lui ont provoqué une
profonde frustration, il se jette dans cette aventure avec
l’enthousiasme de celui qui croit aller à la rencontre d'une liberté
inespérée... Antonioni.
Né
à Ferrare en 1912, Michelangelo Antonioni étudie l'économie à
l'université de Bologna tout en écrivant des critiques de pièces de
théâtre et de films pour un journal local. Passionné par le 7ème art, il
s'inscrit ensuite dans l'école de cinéma "Centro Sperimentale". Une
fois diplômé, il commence sa carrière en écrivant des scénarios pour
Roberto Rossellini et Federico Fellini puis fait ses premiers pas en
tant que réalisateur dès 1942, en signant des documentaires et des
courts métrages qui flirtent avec l'inspiration néoréaliste introduite
par Fellini.
En 1950, il signe son premier long métrage,
Chronique d'un amour pour lequel il s'éloigne du néoréalisme et préfère se concentrer sur la psychologie de ses personnages. Ses films suivants :
Les Vaincus, La Dame sans camélias, Femmes entre elles et
Le Cri sont
construits sur le même modèle et forment des chroniques sociales et
psychologiques. Ces longs métrages restent toutefois assez
confidentiels, se limitant à un public italien.
En 1960, Antonioni présente
L'Avventura
à Cannes. Le film suscite de nombreuses controverses mais offre au
réalisateur le Prix du Jury. Il s'inscrit dans une quadrilogie complètée
par
L'Eclipse, La Nuit et
Le Désert rouge,
qui offre une vision très novatrice du cinéma, se voulant "à l'égal de
la littérature". Pour chacun de ses films, Antonioni dirige Monica
Vitti, qui deviendra son égérie et sa compagne pendant quelques années
et qu'il retrouvera en 1981 pour
Le Mystère d'Oberwald.
En 1966, Antonioni se voit remettre la Palme d'Or à Cannes pour son
Blow Up,
dans lequel un jeune photographe arrogant croit être temoin d'un
meurtre. Le film est un énorme succès et permet au réalisateur de
s'expatrier outre-Atlantique le temps d'un film
Zabriskie Point.
Explorant
de nouvelles contrées, il part à la découverte de l'Asie en tournant le
documentaire Chung Kuo, chronique de la vie quotidienne en Chine, puis
pose sa caméra entre l'Algérie et l'Angleterre pour
Profession : reporter,
dans lequel Jack Nicholson incarne un reporter basé en Afrique et
enquêtant sur un meurtre mystérieux pour tromper l'ennui. Revenu en
Italie, il réalise Identification d'une femme et rencontre Enrica Fico,
qui deviendra sa femme, sur le tournage.
A l'âge de 73 ans, il est
victime d'un accident cérébral qui entraîne une paralysie partielle de
ses membres et l'empêche de parler. Il n'arrête pas pour autant son
activité de cinéaste puisqu'il réalise en 1995
Par-delà les nuages avec son ami Wim Wenders avant de prendre part au projet collectif
Eros,
dans lequel il expose sa vision de l'amour et de l'érotisme aux côtés
de deux autres réalisateurs, Steven Soderbergh et Wong Kar-Wai.
En 1995, il reçoit un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
LIEN
FILMOGRAPHIE : TOURNÊ AUTOUR DU PÔ