samedi, mai 23, 2015

ROME : Street Art à OSTIENSE et TOR MARANCIA


OSTIENSE est le secret le mieux gardé de Rome. Dans ce quartier du sud de Rome, entièrement consacré aux activités industrielles jusqu’au début du siècle dernier, archéologie industrielle et traditions populaires se côtoient harmonieusement : Ici, se  trouvent en effet la CENTRALE MONTEMARTINI, une ancienne Centrale Thermoélectrique Giovanni Montemartini, exemple extraordinaire d’archéologie industrielle reconvertie en siège muséal et qui accueillent aujourd’hui les sculptures venant des Musei Capitolini, la BASILIQUE de Saint-Paul-Hors-les-Murs et la silhouette singulière du Gasometro qui domine ce quartier.
Ces dernières années, à l'initiative de l'agence de communication Pescerosso et de la Galleria d’arte contemporanea 999, le projet OSTIENSE DISTRICT, voulu comme lieu de contemporanéité, a été conçu pour valoriser et promouvoir ce quartier populaire. Dans une zone comprise entre les stations Piramide à voir : PYRAMIDE CESTIA XIIe siècle a.J.C. et le CIMETERO ANACATT0LICO où sont enterrés le fils de Goethe, Shelley, Keats, Gramsci...et San Paolo, hors des circuits touristiques traditionnels, on y découvre de nombreuses œuvres (murales et graffitis) d'art stretters du monde entier, aussi monumentales que diverses. Itinéraire et attribution des œuvres à télécharger.
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Aperçu
 
Via della Conce,  Port Fluvial, Passage souterrain Ostiense, Via del Commercio, Via Efeso, Via Libetta, Via Ostiense...



Inauguré en Mars 2015 

S'inscrivant dans la continuité du travail commencé dans le quartier d'Ostiense, un nouveau projet a été inauguré en février 2015 dans un lotissement de Tor Marancia. À la fin des annèes 20, cette zone paludéenne du sud de Rome, devint le refuge des  citadins expulsés du centre de Rome en reconstruction et des immigrés venus du sud de l'Italie.  Ainsi naquirent les premières "constructions" de Tormarancia, une sorte de ghetto composé de maisonnettes (appelées "case minime") d'une seule pièce avec sol en terre battue, où vivaient des familles pouvant compter jusqu'à dix personnes. Les sanitaires étaient partagés mais chacun avait son petit jardin potager. 
Ce quartier miséreux et malfamé que l'on appelait alors "Shanghai" fut démoli à partir de 1948, suite à la loi De Gasperi concernant l'assainissement des quartiers et la construction de logements sociaux.

Artistes à l'œuvre
Récemment, un projet imaginé par la galerie 999Contemporary, soutenu financièrement par des associations culturelles romaines et par la Commune de Rome, a pu voir le jour, ayant pour but de transformer ce quartier romain en un district d’art public contemporain, unique au monde, en impliquant dans ce processus non seulement la communauté locale mais aussi les écoles et les associations de quartier (cf. vidéo).





 BIG CITY LIFE
Ce projet BIG CITY LIFE, initiative d’art public participatif pour la rénovation urbaine, culturelle et sociale s’est concrétisé du 8 janvier au 27 février 2015 et a été inauguré le 9 mars 2015 : vingt artistes, provenant de différents pays, ont ainsi réalisé des graffitis monumentaux sur les façades des onze bâtiments du complexe de la via di Tor Marancia n°63.
Ce musée à ciel ouvert de la Cité Tor Marancia est accessible tous les jours avec pour recommandation de respecter les espaces plantés par les résidents. On peut, sur réservation par mail, avoir une visite commentée : visit@bigcitylife.it

 
 www.bigcitylfe.it
REPERE CARTOGRAPHIQUE
(clic sur cartes pour agrandir)
Métro ligne B, station Piramide








On ne peut évoquer ces quartiers du sud de Rome sans penser à Pier Paolo Pasolini qui arrive avec sa mère à la gare de Termini de Rome le 28 janvier 1950 « Pauvre comme un chat du Colisée ». Et c’est là qu’il découvre le monde des BORGATE, "ces faubourgs aux allures de bidonvilles nés de la volonté fasciste d'éloigner le sous-prolétariat du centre-ville. Lieux d'exclusion et de ségrégation sociale, ces territoires en mutation faits de baraquements précaires abritent un monde interlope au vitalisme désespéré". Cet univers dont il va se faire le chantre fraternel, respectueux et inspiré dans ses poèmes (Il signe avec LES CENDRES de GRAMSCI une œuvre poétique-manifeste de l'inépuisable passion sociale de l'écrivain), dans ses romans (RAGAZZI di VITA, le roman de la Rome d'après-guerre et en 1959, UNA VITA VIOLENTA, l'équipée sauvage de Tommaso et ses amis dans une voiture volée.), et plus tard, à compter de 1961, dans sa production cinématographique : un monde clandestin que Pasolini voyait comme étant les seuls à avoir survécu à la corruption apportée par l'industrialisation et la modernité, les seuls à être véritablement libres, le pourquoi il les respectait : Accattone, Mamma Roma, La Ricotta
Pasolini sur la tombe de Gramsci dans le Cimitero annacatolico du Testaccio, quartier très populaire dans les années 50
Ostiense et les bords du Tevere sont aussi un des quartiers les plus fréquentés par la communauté homosexuelle. C"est à Ostiense  que se trouvent les sièges des principales associations gay, l'emblématique Caffè Letterario, les historiques discothèques L'Alibi et Alpheus. Et c'est ici près des gazomètres de la via Ostiense que naquirent dans les années 70 les soirées de la Muccassassina. Ce quartier gay fut immortalisé par le plus italien des cinéastes turcs, Ferzan Özpetek en 2001 avec son film Le Fate Ignoranti et par le fait que  que c'est  au restaurant Al Bionde Tevere que Pasolini prit son dernier repas avec Pelosi avant d'être assassiné à Ostia.  Aujourd'hui à l'image du quartier de Chelsea, le quartier historique homosexuel de NYC, les galeries, les centres d'art et les lieux de convivialité ont suivis (Doppio Zer00, Trattoria e Pizzeria Porto Fluviale, Andreotti Pasticceria...)
"Les écrits et les films de Pasolini ont créé un nouvel imaginaire de la capitale italienne. Pasolini ne s'est pas contenté d'intégrer la ville comme toile de fond de ses romans et de ses films, il a « refondé » Rome par la littérature et le cinéma. En fréquentant la jeunesse des borgate, il a donné une existence et une dignité littéraire au langage romanesco (le dialecte de ces banlieux) qui, grâce à lui, est entré dans la grande culture italienne."


 Pier Paolo Pasolini a été assassiné dans la nuit du 1er-2 novembre 1975, sur la plage d'Ostia

... parmi les hypothèses sur sa mort évoquées

Le 14 novembre 1974 déjà, dans Le roman des massacres, une tribune du Corriere della Sera, Pasolini affirmait connaître les noms des « personnes importantes qui avec l'aide de la CIA, des colonels grecs et de la Mafia » auraient planifié et mis en œuvre la « stratégie de la tension » et les vagues de terrorisme ayant secoué l'Italie, attribuées successivement à l'extrême gauche et à l'extrême droite (et notamment les attentat de la gare de Bologne et de Brescia en 1974) : 
« Je sais tous ces noms et je sais tous les faits (attentats contre les institutions et massacres), dont ils se sont rendus coupables. » 
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 "la morte non è nel non poter comunicare ma nel non poter essere comprisi" (PPP)
La mort n'est pas le fait de ne pas pouvoir communiquer, mais celui de ne pouvoir être compris

  2008 : ZILDA "IO SONO UNA FORZA DEL PASSATO"
poème tiré de Poesia in  forma  di rosa de PPP
"En 2008, ŽILDA (artstreeter français) délocalise ses personnages à Rome: Rome, son centre ville, ses rues, ses places mais également sa périphérie, ses borgate, Rome placée en face de sa propre mémoire cinématographique, celle des laissés-pour-compte et marginaux du cinéma des années 50 et 60...A l’intérieur de cette mémoire collective du cinéma romain, une figure s’impose, celle de Pier Paolo Pasolini, dont l’aventure romaine fut presque mythique, véritable initiation pour le poète frioulan qui y découvrit alors ceux qui ne cesseront jamais de le fasciner, les sous-prolétaires des borgate. Lui qui fut un fervent pratiquant de la réécriture, de l'adaptation, du palimpseste permanent, défaisant et refaisant les oeuvres du passé, les faisant voyager de la peinture et de la littérature vers le cinéma, c'est finalement dans ce phénomène de rifacimento que de ressusciter cette faune pasolinienne dans la Rome de 2008, de ramener ses personnages cinématographiques vers le pictural, les adapter plastiquement dans un décor contemporain ré-ouvrant leurs significations....(lire la suite)



2013 : ZILDA, PASOLINI ROMA?
En 2013, à la demande de la Cinématèque Française pour son exposition PASOLINI ROMA, l'artstreeter français, Zilda, reprend son travail sur PPP, qui fait l'objet en parallèle d'une vidéo 



 "la morte non è nel non poter comunicare ma nel non poter essere comprisi" 

...dunque, non é morto