samedi, septembre 01, 2018

MILANO/GIO PONTI : DESIGN ITALIEN : CHIESA S. FRANCESCO al FOPPONINO de GIO PONTI (Milan, Lombardie)









PATRIMOINE RESTAURE
Les Lumières de Gio Ponti
La "re-mise en lumière" de l'Eglise San Francesco al Fopponino de Milan apporte un coup de projecteur sur cette œuvre du grand architecte italien GIO PONTI construite entre 1961-1964, un bâtiment moins connu du grand public. 
Dans l'Eglise San Francesco al Fopponino, les luminaires en cuivre désignés par le maître, inutilisables depuis des années, viennent en effet d'être restaurés par l'historique entreprise piémontaise spécialisée dans les poignées, OLIVARI, qui depuis sa création en 1911, participe à l'histoire du Design Italien et du "Made in Italy". Cet acte de mécénat a des racines profondes et nous renvoie à l'histoire même du Design Italien.
L'histoire du design italien nait entre les deux guerres mondiales avec l'idée d'un concept architectural global mis en place par les grands architectes de l'époque qui en plus de concevoir l'espace et les volumes, vont s'intéresser à leur aménagement et à leur décoration.

En 1921 Antonio Gramsci écrivait : « Les futuristes ont eu la compréhension nette et claire que notre époque, l'ère de la grande industrie, de la grande ville au travail, de la vie intense et tumultueuse, devait avoir de nouvelles formes d'art, de philosophie, d'habitudes, de langage. » (« Marinetti rivoluzionario? » (1921),
En 1922, nait le mouvement artistique Novecento,  formé dans le salon de Margherita Sarfatti. Ce mouvement artistique met l'accent sur la peinture, mais ne tarde pas à influencer la conception des intérieurs et du mobilier. Parmi les représentants de cette tendance, on trouve les architectes dont Gio Ponti.
C'est à lui , en collaboration avec Emilio Lancia, que l'on doit le projet de mobilier Nova Domus (1928-1929) conçu pour le grand magasin milanais La Rinascente, avec l'intention de renouveler l'image des meubles et accessoires de la maison de la classe moyenne.


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Sur le site, l’église, qui ne pouvait occuper l’espace de l’ancien jardin, a donc été construite sur la rue, entre deux autres édifices religieux, déjà préalablement construits par Ponti lui même. L’idée fut de relier les trois bâtiments en une façade unique, spectaculaire, qui confisque le ciel : le parvis devenant le choeur extérieur de l'église. À noter encore (comme plus tard dans l'église de l'hôpital San Carlo (1966), la large rampe d'accès avec balustrade inclinée, qui semble sortir du sol pour se greffer au corps de l'église.  
La construction présente un plan hexagonale asymétrique, avec en façade huit ouvertures verticales de forme diamantée qui laissent voir le ciel, une forme que l’on retrouve sur les trois ouvertures centrales décorées de vitraux réalisés dans les années 70 par le peintre peintre Cristoforo D'Amicis.


La fidèle et longue collaboration entre Gio Ponti et l'entreprise Olivari date des années 30 avec la fabrication d'un modèle de poignée pour le Palazzo della Montecatini, puis du modèle Lama pour le gratteciel Pirelli ; toujours édités les poignées Cono (toujours en place dans l'église) et Anello... C'est donc avec plaisir que la troisième génération Olivari, à la demande et en accord avec le Diocèse de Milan, a accepté de remettre en lumière la vingtaine de lustres avec pour objectif : restaurer la structure cuivrée oxydée avec des produits garantissant à terme un meilleur vieillissement, retrouver l'élégance initiale du luminaire, moderniser ensuite l'équipement électrique pour recréer l'ambiance lumineuse spatiale et recueillie voulue par G. Ponti et avoir enfin une consommation énergétique moins gourmande.



 
Parmi les nombreuses œuvres d’art que contient l’église, le grand retable de l’autel de Francesco Tabusso, réalisé en deux parties comme les pages d’un livre ouvert,  évoque avec le grand bois et le ruisseau l’image de St François d’Assise. Inspiré du « Cantico delle Créature » huit tryptiques retracent ensuite le long des murs de l’église des épisodes de la vie du saint.
Outre les luminaires, G. Ponti ne participa pas au choix "décoratif" de San Francesco, un désir qu'il manifesta les dernières années envisageant un ensemble de figures en papier mâché légères et aériennes végétales, florales et même  animales...suspendues, flottant au gré des courants d'air dans le vide du transept et autour de l'autel.


LIENS
La Linea Italiana



ACTUALITE à PARIS

EXPOSITION
TUTTI PONTI, GIO PONTI ARCHI-DESIGNER

octobre 2018-10 février 2019
Musée des Arts Décoratifs (Paris, France)
www.madparis.fr