jeudi, septembre 17, 2020

DOLOMITES : MONTAGNA DI CONFINE





"la plus belle œuvre architecturale au monde" Le Corbusier

Les Dolomites sont une chaîne montueuse des Alpes orientales qui couvrent en Italie  le Trentin-Haut-Adige, la Vénétie, le Frioul-Vénétie-Julienne et cinq provinces (Trente, Bolzano, Belluno, Pordenone et Udine).  
Montagna di confine... montagne frontalière, elles ont longtemps appartenu à l’Autriche et chaque village porte donc deux noms. D’ailleurs on remarque que la culture autrichienne est encore très marquée dans les Dolomites, que ce soit au niveau des coutumes, de la langue ou encore de l’architecture.

Le nom "DOLOMITES" fut attribué au XVIIIe siècle par le géologue français Dieudonné DOLOMIEU, qui avait identifié dans certaines roches, la présence de calcaire dolomitique, illustré sur ce cliché par les Tre Cime di Lavaredo (2999 m), l’un des emblèmes des Dolomites qui domine Cortina d’Ampezzo. Les murailles à l’insolente géométrie surgissent ainsi au-dessus des forêts d’épicéas et des lacs. Temple des écrivains, des randonneurs et des grimpeurs fous, depuis le 26 juin 2009, le site Les Dolomites est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.


“ Cela n'arrive pas tous les jours, loin s’en faut, mais, pour qui a la chance de tomber dessus en voguant sur la lagune, cette vision est inoubliable. Par certaines journées d’automne très claires, en se postant à la proue du vaporetto qui assure la courte liaison entre Venise et l’île voisine de Murano, on peut distinguer à l’œil nu une majestueuse silhouette se découpant dans le lointain : la chaîne des Dolomites, pourtant distante de plus de cent kilomètres. Les vieux Vénitiens disent alors que «la montagne a sorti ses diamants ». Et c’est bien de cela qu’il s’agit, d’une parure éblouissante. Lorsqu’on regarde vers le nord, en direction de Belluno, des cimes grésillent soudain dans l’air limpide. L’horizon resplendit d’un halo presque phosphorescent ; une étrange tache lumineuse flotte, en suspension, tel un vaisseau intergalactique. Les connaisseurs vous diront qu’il s’agit de la face sud de la Schiara, une des grandes parois des Dolomites, qui se dresse par-dessus le plat pays de Vénétie. Mais c’est un peu court pour décrire cette portion des Alpes, qui se définit moins par sa géographie que par les sensations fortes qu’elle procure.





D’ailleurs, les Italiens ne s’encombrent guère de données topographiques, ne sachant jamais vraiment où débutent et où finissent les limites de ces massifs aux contours flottants, à cheval sur deux régions, la Vénétie et le Trentin-Haut-Adige. Dans son ouvrage Les Montagnes de la Terre, le romancier et alpiniste ROGER FRISON-ROCHE les faisait tenir dans un quadrilatère qui a pour bords le cours du Piave à l’est et celui de l’Adige à l’ouest. C’était oublier qu’ici les Dolomites sont comme ces pâtes à pizza qu’on aime étaler à l’envi afin que tout le monde ait sa part du festin. Ainsi, vers l’ouest, après la commune de Trente, s’élèvent encore d’autres Dolomites, celles de la Brenta. Au nord-est, en partant à l’assaut des Alpes autrichiennes, voici celles de Lienz. Sans oublier les Alpes carniques, plus à l’est, en regardant vers la Slovénie. Etendues sur environ 6 000 kilomètres carrés aux confins de l’Italie du Nord, à une enjambée des hauts sommets autrichiens, plus proches de Munich que de Rome...
 ... les Dolomites sont plurielles.


L’Histoire en a fait un entre-deux territorial et culturel. La plus grande partie occidentale du massif n’est en effet entrée dans le giron italien qu’en 1919, après l’effondrement de l’Empire austro-hongrois. Aux Pale di San Martino (photo), lieu fétiche de l’écrivain DINO BUZZATI, sur le mythique sommet de la Civetta (photo), dans les sublimes forêts d’épicéas de Paneveggio (photo) où l’on récoltait le bois dont sont faits les violons Stradivarius, du côté de Bolzano, de Cortina d’Ampezzo ou de Belluno, partout règne cette impression d’évoluer dans une patrie indéfinie qui n’est ni tout à fait encore l’Italie, ni tout à fait autre chose. «Un pays où l’idée de frontière n’existe plus», analyse l’écrivain voyageur triestin PAOLO RUMIZ, fin connaisseur des lieux, alpiniste passionné, et dont le livre "La Légende des montagnes" qui naviguent (éd. Arthaud), sorti l’automne dernier en France, raconte son exploration minutieuse de cet arc alpin.




Entre les géraniums aux fenêtres et les coquettes églises baroques coiffées d’un clocher à bulbe, la première sensation est celle d’une Mitteleuropa bucolique et haut perchée, qui fleure bon la luzerne, et où lacs, forêts et prairies semblent sortir tout droit d’un décor de train électrique. « Les aficionados parlent volontiers d’un esprit dolomitard », remarque BERNARD VAUCHER, auteur d’un ouvrage de référence intitulé "Dolomites, 150 ans d’escalade" (éd. du Mont-Blanc). Pour lui, cet esprit tient avant tout à la qualité paysagère du lieu : «Aucun autre coin des Alpes ne dégage une telle harmonie entre la nature au pied des montagnes, les lacs d’altitude aux bleus vifs, le vert des alpages et la majesté des cimes», affirme-t-il.
                                                                                       Lago di Braies


L’altitude moyenne ne dépasse pas les 3 000 mètres, ce qui prive les Dolomites des classiques grands glaciers alpins – celui de la Marmolada, point culminant du massif (3 343 mètres), fait exception –, mais dans ces montagnes à taille humaine s’élèvent pourtant les parois les plus verticales des Alpes. Des pinacles gris qui vont chatouiller la brume, des murailles cyclopéennes et d’innombrables tours taillées au scalpel, comme la fameuse Torre Trieste (photo), l’une des plus belles avec ses élégances de cathédrale gothique. 

Pour le mordu d’alpinisme comme pour le randonneur amateur, l’approche reste chose aisée : les cimes jaillissent ici pour ainsi dire sans prévenir, s’élevant d’un coup après le tapis des alpages et des sapins. Les crode, terme régional désignant la typique paroi dolomitique, verticale et ruiniforme, sont donc à portée de main. «On se retrouve tout de suite au pied du mur, résume l’alpiniste PHILIPPE BRASS, tombé amoureux de la région il y a plus de vingt ans. Cela fait une grande différence avec les Alpes suisses ou françaises où, avant de pouvoir escalader un sommet, il faut parfois six à huit heures de marche d’approche jusqu’au refuge.»

A ce sentiment de proximité immédiate avec le monde de l’abrupt, s’ajoute une roche bien particulière qui a donné son nom au massif : la dolomie. La beauté de ces montagnes, leur dramaturgie, leur rudesse quand le vent s’y engouffre, leur luminosité qui tape dans l’œil des lointains Vénitiens, doivent beaucoup à cette cousine du calcaire identifiée à la fin du XVIIIe siècle par le géologue et minéralogiste français DEODAT GRATET de DOLOMIEU (1750-1801). La "DOLOMIE" vient des profondeurs marines et rappelle que cette zone fut immergée il y a des millions d’années, et se caractérise par des dominantes de gris, d’argenté, de nacre, de violet et de bleu pâle. Mais, dès que la lumière s’en mêle, elle laisse apparaître des strates roses, sépia, jaunes, ocre…


Cette matière pourrait avoir été créée par le petit dieu des alpinistes : au toucher, la paroi est comme un gruyère, riche en anfractuosités, prises et lunules où passer sa cordelette. Si bien que les lieux forment de longue date un terrain de jeu unique au monde, nourrissant depuis cent cinquante ans l’appétit insatiable d’hommes prêts à relever les défis les plus fous. A chaque décennie émergèrent ici les grandes révolutions stylistiques de l’escalade, repoussant année après année les cotations, ces «degrés» qui sont l’échelle de Richter de la difficulté en alpinisme.
 
C’est ici aussi que se sont tenues les querelles picrocholines sur la méthode et le style, sur l’art de grimper efficace. Sans parler des débats autour de l’utilisation ou non des pitons pour sécuriser sa cordée… «La roche aidant, l’esprit dolomitard tient sans aucun doute à cette fierté d’en planter le moins possible », reconnaît BERNARD VAUCHER. Et, aujourd’hui, on conserve dans les Dolomites une tradition de l’escalade pure, un goût certain pour le «mains nues», ainsi qu’un respect quasi religieux pour les voies ouvertes par les grands anciens...
 
...Sans compter qu’ici, de longue date, on marche aussi sur des fils, ceux de la via ferrata. La montagne est pleine de ces chemins d’échelles et de passerelles plantés dans les parois, au point que Cortina d’Ampezzo est aujourd’hui considérée comme la capitale mondiale de la discipline. En l’occurrence, il ne s’agit pas seulement d’attraction touristique : la plupart de ces parcours furent en effet installés à des fins stratégiques par les Alpini, les troupes de montagne italiennes, lors de la Première Guerre mondiale, alors que les Dolomites s’étaient transformées en un terrifiant Verdun vertical opposant les transalpins aux soldats autrichiens.

L’occasion de vivre l’expérience qu’évoque l’écrivain DINO BUZZATI. Né au pied de la Schiara comme, quatre siècles avant lui, le peintre TITIEN, l’auteur du Désert des Tartares conseillait, pour percevoir l’aura profonde de ce massif à nul autre pareil, d’entrer dans ses entrailles, de «s’aventurer un peu» dans le creux des parois. L’occasion de toucher la roche, d’écouter le silence et de partager la vie intime de la montagne la plus attachante des Alpes.” (extraits de l'article de Sébastien Desurmon, publié dans GEO le 22/08/2018)




DANS LES 
DOLOMITES FRONTALIERES

Via le VALCANALE (FRIOUL)  

aux LAGHI FUSINE (Tarvisio)

Le 21 mai, le monde entier fête la Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement . Dans cet esprit, via Le FRIOUL, (région des Dolomites, dont l’histoire est intimement liée à celle de ses voisines l’Autriche et la Slovénie) pour le NO BORDER FESTIVAL qui, depuis sa première édition il y a 25 ans, continue à  développer l'idée que si "l’homme trace des limites, la musique les dépasse".
L'événement organisé à la frontière entre l'Italie, l'Autriche et la Slovénie, valorise la musique en tant que forme culturelle et moyen de communication universel capable d'être comprise par tous, en dépassant les frontières linguistiques, ethniques, sociales et géographiques. Au fil des années, le festival, à travers la musique, a également réussi à faire découvrir à des milliers de visiteurs italiens et étrangers certains des lieux naturalistes les plus préservés et les plus évocateurs de la région montagneuse tarvisienne (les lacs de Fusine, le plateau du Montasio, le mont Canin, la forêt millénaire de Tarvisio), visant ainsi également à sensibiliser la durabilité environnementale, en favorisant l'accès aux espaces de concert uniquement à pied ou à vélo, une initiative unique, thème central de l'édition 2020 et ce, pour poursuivre son dialogue au-delà de la diversité culturelle.

 Concert de Luka Sulic 
extraits du concert Luka Sulic ft. Evgeny Genchev
"Nothing Else Matters" (Metallica) VIDEO 
et encore VIDEO "Nuvole Bianche" (Ludovico Einaudi)


et ...quelle que soit la saison
SANCTUAIRE MONTE LUSSARI (à Tarvisio)

 CASCADE de PERICNICK (Parc naturel slovène de Triglav)

LAC DE BLED visite de l'ilot et de son château 

 CHAPELLE russe RUSKA KAPELICA 
sur la route du col slovène Prelaz Vrsic, érigée sur le site de l’avalanche qui ensevelit plus de 300 prisonniers de guerre en mars 1916.

SKI SANS FRONTIERES
Entre Sella Nevea et Bovec, deux versants du Mont Canin, s'est ouverte une piste de ski qui unit l'Italie et la Slovénie dans le splendide paysage des Alpi Giulie (Alpes juliennes).


GUIDE PRATIQUE

TARVISIO
HOTEL VILLA VERDE
classique, confortable, bon restaurant de spécialités locales

MALBORGHETTO
CASA OBERRICHTER
le charme de l'athypique : article  Marie Claire Maison
et ALBERGO DIFFUSO FORTHENSEL

SELLA NEVEA (Conca Prevala, 1850m)
RIFUGIO GILBERTI CELSO
fermé octobre, novembre, mai
tél. +39 3338192055 
à l'arrivée du funiculaire, il propose depuis 1934, 8 chambres en demi-pension



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