vendredi, janvier 31, 2020

MAESTRO F. FELLINI : LE CENTENAIRE





FEDERICO FELLINI
ou le
REALISME D'ENCHANTEMENT
 

Federico Fellini avec une paire de faux cils gigantesques
20 janvier 1920 - 2020
FEDERICO FELLINI  naissait à Rimini, en Emilie Romagne, il y a 100 ans    
La ville fête l’évènement de ce prodige du cinéma italien, nourri de sa culture romagnole, dont on trouvera des « citations » tout au long de sa carrière de réalisateur et dont l’imaginaire, toujours suspendu entre rêve et réalité, entre désirs et obsessions,  réinterprètera la culture de cette province d’où tout est parti. (Fellini dans l’Encyclopédie du cinéma.)


RIMINI lE VITELLONI 

Vitelloni ? la traduction littérale du titre italien serait « Les Gros Veaux ». Passé dans le langage courant italien : les vitelloni sont des jeunes gens fainéants, excessivement attirés par les femmes et par l'argent. 
En 1953, iI tourne I VITELLONI qui va imposer définitivement l'univers fellinien.
Fellini situe le film à Rimini, sa ville natale, et recrée l'univers de sa jeunesse, de ses souvenirs les plus chers et raconte avec un regard nostalgique, sarcastique et mélancolique la vie de cinq ados attardés âgés d'une trentaine d'années qui vivotent aux crochets de leurs parents, qui n'envisagent même pas de travailler et ne savent comment donner un sens à leur existence... 
De l'aveu même de Fellini, le film est largement autobiographique s'identifiant à l'un d'eux Moraldo, cf. l' indice dans la dernière scène du film : lorsque le train  quitte la gare, c'est la voix du réalisateur qui se substitue à celle de l'acteur pour dire au-revoir à Guido, le jeune employé des chemins de fer, laissant pressentir que Moraldo (l'un des 5 jeunes) est enfin devenu Federico, en route vers son destin. (photo : F. Fellini jeune))
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ROMA
3 mots clés “Motore! Azione! Stop!”



Giulietta Masina, Peppino De Filippo e Gina Mascetti in "Luci del varietà" (Lattuada, Fellini 1951)
Une suite aux Vitelloni, intitulée Moraldo in città (Moraldo dans la ville) avait été envisagée par Fellini en 1954, mais il semble que cette idée ne soit pas allée plus loin qu'une ébauche de scénario.
 À Rome Fellini ne souffre pas de nostalgie, au contraire, il parvient même à y retrouver l’essence de sa ville natale : «Rimini, je l’ai trouvée à Rome plus précisément à Ostia. C’est à Ostia que j’ai tourné I Vitelloni parce que c’est un Rimini inventé, plus Rimini que la vraie Rimini».
Fellini devient journaliste de la revue Marc' Aurelio, puis dessinateur satirique et même auteur radiophonique. C’est pendant cette collaboration à la radio, pour le programme cico et pallina, qu'il rencontre une jeune actrice et danseuse : Giulietta Masina, un coup de foudre qui, le 30 octobre 1943, les unira pour la vie.
En 1945, Il fait ses grands débuts au cinéma comme script et assistant-scénariste de Roberto Rossellini pour le film Roma, città aperta (Rome, ville ouverte).
Puis c'est avec le scénariste Alberto Lattuada  qu'en 1951, il signe sa première véritable réalisation pour le cinéma : LUCI DEL VARIETA (Les Feux du music-hall) qui s'avère déjà très personnelle tant par le style que les thèmes évoqués : des artistes itinérants, la vie de bohème, les spectacles fauchés, les querelles de personnes ou de cœur ridicules et les préoccupations quotidiennes futiles... 


LE SUCCES INTERNATIONAL
LA STRADA et Giulietta Masina
C'est avec La Strada, en 1954, que Federico Fellini obtient son premier succès international (LION D'ARGENT à la Mostra de Venise). Dans ce film, comme dans Il Bidone en 1955 et dans Les Nuits de Cabiria (Le Notti di Cabiria) en 1957, il met en vedette sa femme, Giulietta Masina. Dans La Strada, elle joue le rôle de Gelsomina, une jeune fille simplette confiée à Zampanò (Anthony Quinn), un briseur de chaînes ambulant qui la brutalise et dans Les Nuits de Cabiria celui de Cabiria, une prostituée courageuse, mais naïve. Ces films restent encore fidèles à la thématique néoréaliste (description du petit peuple italien, des marginaux et de la vie de misère), mais s'en écartent en grande partie par leur regard poétique, mélancolique et onirique.


LA DOLCE VITA et Marcello Mastroianni
dolce vita..." l'époque des années 1950 et 1960) où Rome, vitrine du miracle italien, s'étourdissait de fêtes luxueuses. Dans le film, les errances de Mastroianni, journaliste people aux lunettes noires au volant d'un cabriolet nain, ballotté de raout en fiesta, de femme en femme, transposent des faits réels - orgies, rixes et meurtres défrayaient le "Tout-Rome" que Fellini a édulcorés. Les terrasses de la via Veneto ralliaient ces "incouchables" autour des acteurs américains venus tourner à Cinecitta. Festival de toilettes couture, de blagues idiotes et d'éclats puérils, la Rome huppée de Fellini s'offre aux essaims des paparazzi, vrais héros du film. Directrice de la création de Gucci, Frida Giannini souligne combien celui-ci "a ouvert la voie à un nouveau monde, où règne l'obsession du style, de la mode et de la célébrité." Dans La Dolce Vita, le seul détail daté serait-il l'insouciance?"  (J. Brunel, L'Express, 2010)
1960 : Palme d'or au Festival de Cannes


LA CONSECRATION-5 OSCARS
Un parcours artistique qui a conduit le Maestro à obtenir cinq Oscars pour la STRADA, LI NOTTI DI CABIRIA, 8 1/2, AMARCORD et, en 1993, un Oscar d'Honneur pour l’ensemble de sa carrière auquel il associera dans son discours de remerciements la femme de sa vie  Giuletta Masina


OSCAR DU FILM  ETRANGER 1957 :  LA STRADA

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OSCAR DU FILM  ETRANGER 1958 : LES NUITS DE CABIRIA

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OSCAR DU FILM  ETRANGER 1975 : AMARCORD 
En dialecte romagnol, « Amarcord » en italien " mi ricordo" : « je me souviens » . Le film est l'histoire d'un adolescent turbulent et attachant, Titta, qui pourrait bien être Fellini lui-même qui grandit dans un village romagnol entouré de personnages excentriques  sous le fascisme triomphant des années 1920-30.
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VIDEO (séquences à l'école)




OSCAR DU FILM ETRANGER 1964 : HUIT 1/2
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OSCAR D'HONNEUR POUR SA CARRIERE : 1993



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mais aussi SATYRICON 1969
« J'avais relu Pétrone et j'avais été fort séduit par un détail que je n'avais pas su remarquer auparavant : les parties qui manquent, donc l'obscurité entre un épisode et l'autre. […] Cette histoire de fragments me fascinait pour de bon. […] Le livre me fait penser aux colonnes, aux têtes, aux yeux qui manquent, aux nez brisés, à toute la scénographie nécrologique de l'Appia Antica, voire en général aux musées archéologiques. Des fragments épars, des lambeaux qui resurgissent de ce qui pouvait bien être tenu aussi pour un songe, en grande partie remué et oublié. Non point une époque historique, qu'il est possible de reconstituer philologiquement d'après les documents, qui est attestée de manière positive, mais une grande galaxie onirique, plongée dans l'obscurité, au milieu de l'étincellement d'éclats flottants qui sont parvenus jusqu'à nous. Je crois que j'ai été séduit par la possibilité de reconstruire ce rêve, sa transparence énigmatique, sa clarté indéchiffrable. […] Le monde antique, me disais-je, n'a jamais existé, mais, indubitablement, nous l'avons rêvé. » (Fellini par Fellini)
Sur le fond : Reprenant à ses propres fins la description de Pétrone, Fellini endosse le film à costume pour traiter un thème qui lui est cher : la décadence — en cela, on revient à «La Dolce vita» (1960).

...et en couleur ROMA en 1972

« En sortant de ce film tumultueux, baroque, échevelé, et, cependant, si parfaitement dominé, si subtilement composé, de ce film que l'on ne peut comparer aux autres, tant il paraît être fait d'une étoffe, d'un métal différent, comment ne pas se dire que, parmi tant d'excellents cinéastes, Federico Fellini est décidément un des rares qui mérite vraiment le nom de créateur. »Jean de Baroncelli, Le Monde, 1972 (scène du défilé de mode ecclésiastique : VIDEO



... CASANOVA en 1976
« Sous ses couleurs éclatantes, dans son tourbillon, le film de Fellini a l'ampleur, la gravité d'un requiem. Requiem pour un fantoche démythifié, pour une civilisation moribonde. "Il me semble avoir toujours fait le même film", affirme Fellini. Et il est vrai que nous sommes ici aux portes d'un désespoir que nous connaissons bien. Mais qui, jamais, pour dire la vacuité de l'existence et l'approche de la mort, inventera des images aussi belles ? » Jean de Baroncelli, Le Monde, 3 mars 1977

« Le film décolle. Par excès d'animosité. Autant d'agressivité haineuse laisse rêveur. Fellini règle des comptes, c'est sûr. Avec l'homme-à-femmes, le séducteur-type à l'italienne (quel démon intime exorcise-t-il ?). Avec l'amour, avec la chair, avec le plaisir, avec la joie du corps (résurgence d'un vertuisme catholique ?). Ce Fellini-Casanova, explosion d'un pessimisme hargneux, tourne à la danse macabre (...). Seul moment de repos, de tendresse : la géante de foire, épanouissement superlatif de la femme-mère, chante. Courte détente. Reprend aussitôt le furieux blizzard d'obscénités glaciales. Somptueux et grinçant, ce film fait froid. » Jean-Louis Bory, Le Nouvel Observateur, 28 février 1977
 Scène fin de soirée à l'opéra  : VIDEO 
et cf....

FILMOGRAPHIE


ARTBlow-UP : C'était quoi Federico Fellini ?

Documentaire VIDEO
18 min ; disponible jusqu'au 02/04/2022


IL LIBRO DEI SOGNI... ?
Un rêve qui a duré trente ans que le Maestro du cinéma Federico Fellini a illustré et transformé en une œuvre légendaire, le Livre des rêves ... Réédité 
Après le succès de la Dolce Vita en 1960, en proie au doute voire à des crises d'angoisse, Federico Fellini va consulter le psychanalyste junguien Ernst Bernhard, qui lui conseille d'écrire et de dessiner ses rêves. Chaque matin jusqu'à la veille de sa disparition en 1993, le cinéaste italien va scrupuleusement noter ses rêves sur de grands cahiers qu'il enferme dans son bureau de Cinecittà.
"IL LIBRO DEI SOGNI" ne paraît qu'en 2007, après de nombreux atermoiements entre héritiers. Il faut dire que l'ouvrage ouvre une fenêtre inédite (si ce n'est explosive...) sur l'inconscient du réalisateur. Et son cinéma, dont Huit et demi, sorti en 1963, marque un tournant. 
"Il faut comprendre l'importance que la magie avait dans la vie de Federico, qui était la partie négative de son besoin de Dieu et de connaître les mystères par excellence" Mario Guaraldi

BIBLIOGRAPHIE :
 — L'homme des rêves : un article de Pietro Citati, publié dans La Pensée de midi, n°12, 2004. Lien
— Quoi de Neuf Federico ? Catalogue édité à l'occasion de l'exposition "Quoi de neuf Federico ? Dessins de Fellini", présentée au musée des Beaux-arts de la ville de Nancy, du 30 octobre 2008 au 28 janvier 2009. Disponible en librairie.


BIBLIOGRAPHIE

 le synopsis inédit du film avorté, le plus célèbre de l'histoire du cinéma. Présentation






BANDE SON et NINO ROTA


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Yannick Nézet-Séguin, chef d'orchestre, dirige l'Orchestre Metropolitain (La Strada suite : Nozze in campagne... et K Weill)


CLAP DE FIN : 31 octobre 1993
A la demande de Giulietta Masina, le trompettiste Mauro Maur exécuta l'Improvviso dell'Angelo de Nino Rota dans la basilica Sta Maria degli Angeli de Rome. Afin que les Romains puissent lui rendre un dernier hommage son cercueil fut exposé au Teatro 5, qu'il affectionnait.

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... 24 mars 1994, GIULIETTA MASINA, son égérie, sa comédienne, n'aura survécu que cent quarante-deux jours à celui dont elle avait partagé la vie et les oeuvres pendant un demi-siècle.
" D'elle, Fellini avait dit: «Elle incarne quelque chose qui m'émeut beaucoup: le regret de l'innocence perdue ou le sentiment de l'innocence trahie. Elle est le symbole constant de ma nostalgie d'une morale plus accomplie. Gelsomina, c'est moi. C'est moi qui suis innocent, plein de bons sentiments, mais personne ne le croit.» On a du mal, en effet, à imaginer Fellini en Gelsomina mais, pour qu'une telle complicité ait pu exister entre l'athée fantasmant sur les prostituées à gros seins et la pratiquante au chaste maintien effacé, il a bien fallu qu'il y ait là quelque chose comme les deux faces d'un même être." (Jean Roy, L'Humanité, 1994) 





L'HOMMAGE DE
RIMINI (EMILIE ROMAGNE)

EXPOSITION CASTEL SISMONDO 
"Fellini 100 Genio Immortale. La mostra"...15 mars 2020


MUSEO DELLA CITTA : Salles du "Libro dei Sogni" Fellini


ITINERAIRES FELLINIENS
"Nulla si sa, tutto si immagini" 



Cimetière de Rimini : "La grande prua" hommage du sculpteur Arnaldo Pomodoro sur la tombe de  Federico Fellini et Giulietta Masina


GUIDE PRATIQUE
GRAND HOTEL DE RIMINI, l'hôtel historique et sa suite Fellini 315
https://www.grandhotelrimini.com/
DuoMO HOTEL, design hôtel par Ron Arad 
https://www.duomohotel.com/
UPHOTEL, près de la plage ; prix attractifs 
https://www.uphotel.it/

RESTAURANTS
OSTERIA DE' BORG http://www.osteriadeborg.it/



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