L'ITALIE DE MICHELLE GASTAUT BLOGUE: TOSCANE : VILLAS MEDICEENNES PATRIMOINE DE L'UNESCO

Cosme 1er de Medici 1519-1574 (Pontormo, 1538)

"J'en viens à me demander si le plus grand bienfait de l'Art ne serait pas de nous faire sentir et comprendre la valeur artistique des œuvres de la Nature" (Bernard Berenson, propriétaire de la Villa I Tatti)

LA VILLA EN TOSCANE

En Toscane, l'apparition des villas se situe au début du XIIIe siècle, époque durant laquelle, Florence impose son hégémonie politique et économique aux autres villes de la région et décide d'organiser son territoire selon un équilibre "cité-campagne''. À côté des châteaux et des grandes propriétés aristocratiques apparaissent alors les petites propriétés des bourgeois ruraux, les case da signore (propriété seigneuriale) qui jouxtent les case da lavaratore (masures des paysans) et les case coloniche (les fermes).
Les XIIIe et XIVe siècles voient l'apogée commerciale de la toscane, dont les Médici sont le meilleur exemple ; à la fois banquier et industriel, ils créent un véritable empire qui traite des affaires avec les principautés et royautés européennes. La fin du XIVe siècle sera pour la Toscane une période florissante de capitalisme financier et industriel. Poussés par la réussite sociale, ces hommes d'affaires vont devenir des mécènes pour les arts, les lettres et l'architecture, faisant construire des palais mais aussi des villas à la campagne avec le désir, pour cette nouvelle classe sociale de marchands lettrés, d'y trouver un véritable refuge intellectuel et spirituel.

La fonction sociale de la villa toscane va toutefois évoluer au cours des siècles : au début du XVIe les guerres n'épargnent pas la Toscane. On assiste alors à un exil des nouvelles générations de marchands vers l'intérieur des terres et les demeures de leurs ancêtres, démarche encouragée par Cosme 1er qui va même les anoblir, et ce, dans le but de les éloigner des affaires. De nombreux artistes sont alors appelés pour restaurer et embellir les anciennes demeures qui deviennent luxueuses. On n'y recherche plus la solitude intellectuelle ou spirituelle, elle n'est plus forcément liée à une activité agricole. La Villa devient un symbole de statut social.

LES VILLAS MÉDICÉENNES

Les VILLAS MEDICEENNES (cf. la liste des villas principales et secondaires) constituent un ensemble de constructions ayant appartenues à la lignée des MEDICI. Les MEDICIS, une famille de marchands florentins devenue l'une des plus riche et des plus puissantes d'Italie et qui, pendant trois siècles, va occuper toutes les places stratégiques de la société italienne : hommes d'affaires, hommes et femmes d'état, papes et mécènes...qui ont initié et qui accompagné l'un des mouvements culturels et artistiques les plus importants d'Europe occidentale : la Renaissance. Dans une société régie par l'orthodoxie catholique, Cosme de Médicis enseigne à son fils des valeurs teintées d'humanisme inspirées de l'Antiquité grecque. Bientôt, l'homme et sa dimension créatrice sont au centre d'un formidable renouveau artistique. Les Médicis soutiennent d'autant plus ce mouvement qu'il leur permet d'affirmer leur magnificence.
Dans ce florilège,on compte une constellation de grandes Villas de campagne permettant aux membre de la famille de choisir telle ou telle en fonction de la saison ou d'un intérêt personnel.

En 2013, l'UNESCO a inscrit 12 villas et 2 jardins au Patrimoine de l'Humanité :
"La fortune économique, financière et politique des Médicis est à l’origine de mécénats multiples et décisifs dans l’histoire culturelle et artistique de l’Europe moderne. Parmi les types architecturaux et esthétiques qui en résultèrent, les villas médicéennes en harmonie profonde avec leurs jardins et leur environnement rural sont parmi les plus originaux de la Renaissance italienne. Le bien proposé pour inscription est une sélection de douze villas complètes, avec leurs jardins, et de deux jardins d’agrément supplémentaires disséminés dans la campagne toscane et aux abords de Florence. La villa médicéenne et ses jardins incarnent un idéal d’habitation princière à la campagne permettant de vivre en harmonie avec la nature, et dédié tant aux loisirs qu’aux arts et à la connaissance."

Villa di Cafaggio (Barberina di Mugello (Firenze)

Historique

Aujourd'hui : visites guidées suspendues pour restauration (cf. site de la commune)

Villa Il Trebbio (San Piero a Sieve, Firenze)

Historique :
Aujourd'hui :
Propriété privée avec une activité viticole et d'agriturismo www.vinoturismo.it
Visites guidées pour groupes le mardi mercredi, jeudi et vendredi (info : tel. 055 -845 8793)

Villa di Careggi, via G. Pieraccini, 17 (Firenze)

Historique

Aujourd'hui visite libre de 10 h à 18 h/12 h le samedi/fermé dimanche et fériés

Villa Medici di Fiesole (Fiesole, Firenze)

Historique

Aujourd'hui : propriété privée, on visite néanmoins les très beaux jardins (résa par fax 055- 239 89 94)

Villa di Castello, Colle di Castello (Firenze)

Historique
Aujourd'hui : fait partie du pôle museal florentin ; (visites) uniquement des très beaux jardins de Niccolo Triboli avant même ceux de Boboli. Cosme 1er y mourut.

Villa di Poggio a Caiano (Prato)

Historique
Aujourd'hui fait partie du pôle muséal florentin (visites) et abrite le Museo della Natura Morta

Villa La Petraia, Firenze

Historique
Aujourd'hui rattachée au pôle muséal florentin (visites)

Villa di Cerreto Guidi, Cerreto Guidi (Firenze)

Historique
Aujourd'hui la villa fait partie du pôle muséal florentin (visites) et abrite le Musée de la Chasse

Palazzo di Seravezza, Seravezza (Lucca)

Historique :
Aujourd'hui : propriété de la commune et siège du Museo del lavoro e delle tradizioni popolari della Versilia
Visites : www.palazzomediceo.com

Villa La Magia (Quarrata,Pistoia)

Historique
Aujourd'hui : Visites

Villa di Artimino 'La Ferdinanda" (Carmignano, Prato)

Historique
Aujourd'hui Art, culture et hospitalité : www.artimino.com

Villa di Poggio Imperiale (Firenze)

Historique

Aujourd'hui elle accueille un pensionnat de jeunes filles et une école publique. Visites sur demande au tel. 055 226171

LES JARDINS

Au XIIIe siècle, la casa signore s'accompagnait d'un petit jardin clos, lieu de repos après le travail. Ce jardin médiéval est essentiellement un jardin de subsistances où l'on cultive des fruits et des légumes. Avec l'avènement de l'humanisme, l'image du jardin s'identifie au paradis, symbole de l'Eden de la Genèse, du lieu primitif de la vie humaine. C'est ainsi que va naître le jardin d'agrément : celui de Bocace en 1350 dans son Décameron, qui vante les merveilles du giardino segreto.

Au XVe siècle, on redécouvre l'art de la taille et l'art topiaire qui va dorénavant orner tous les jardins qui s'organisent autour d'une fontaine. À côté de l'ornement végétal et aquatique, apparaît enfin l'ornement minéral : des grottes artificielles, des décors de rocaille et de mosaïques de coquillages, de faux rochers moussus, des statues mythologiques, de colonnades et bustes antiques...
En 2013, l'Unesco outre les douze villas, font entrer deux jardins au Patrimoine de l'Humanité : Giardino di Boboli et Giardino di Pratolino

Giardino di Boboli (Firenze)