mardi, janvier 31, 2006

Piémont : XXe Jeux Olympiques d’Hiver de Turin

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TORINO, un taureau au pied des monts

Torino, Turin, capitale du Piemont, l’ancienne Taurasia, fut fondée par les Celtes sur un site stratégique de la vallée du Pô, à la sortie de l’étroite vallée de la Suse lui donnant ainsi le contrôle des cols du mont Cenis et du mont Genèvre. Très vite elle devint l’important castrum romain de Taurinum... Tout naturellement le taureau devint le blason de la ville et si certains pensent que le choix des mots et d’un nom n’est pas innocent et peut même induire les comportements, la combativité et la ténacité de la ville à rebondir sur son histoire tout au long des quatre derniers siècles, pour se créer et maintenir un statut de capitale, ne vont pas les démentir.
Parmi les capitales italiennes, l’histoire de Turin est tout a fait singulière car elle oscille en permanence entre conservatisme et expérimentation. Cette petite monarchie sans grand panache va devenir en effet le porte drapeau de la révolution nationale et de de la révolution industrielle du pays. Une citta-laboratorio qui avec Cavour organise le Risorgimento et l’Unité italienne et qui sera la capitale-symbole du libéralisme puis du capitalisme italien, mais aussi celui de la classe ouvrière et de l’immigration de masse. Turin, la ville des “Saints sociaux”, comme le philanthrope Dom Bosco, peut défendre avec la même acuité le pouvoir temporel des papes. C’est à Turin qu’apparaissent les premiers grands quotidiens “La Gazetta del Popolo” et “La Stampa”. C’est à Turin que naît le parti communiste de Gramsci et de Togliatti et que l’on plébiscite le capitalisme fordiste d’Agnelli, le taylorisme et la città-fabbrica de Valetta et l’utopie populaire de la fabbrica-communita d’Alessandro Olivetti. Il est intéressant de retrouver cette même diversité dans le tracé et l’architecture de la ville elle-même, qui entre le XVIIe et XVIIIe siècle, associe la rigueur géométrique d’un Filippo Juvarra (Palazzo Madama et basilique Superga) avec le dynamisme baroque de Fra Guarino Guarini (Santuario della Consolata).
Après avoir saisi les opportunités industrielles de la révolution technologique des années 80, la candidature de Turin au XXe Jeux Olympiques d’Hiver relève du nouveau défi à se créer une nouvelle image de ville tournée vers l’innovation, la modernité, le tourisme et le sport. Il a du falloir encore beaucoup de combativité au taureau turinois pour imposer, comme ville olympique, son agglomération de deux millions d’habitants dont les sites sportifs se trouvent éparpillés sur plusieurs vallées dans un rayon de 80 km. Mais quoi de plus légitime que ses Jeux pour une capitale créée aux pieds des monts...



ART, NATURE ET SPIRITUALITE DES VALLEES OLYMPIQUES

En quittant Turin par l’ouest, on suit ce qui fut la voie de passage des Celtes et des Romain, des pèlerins du Moyen-Âge et des bêtes en transhumance. Au portes de la ville le Museo-castello di Rivoli, ancienne résidence des Savoie, abrite après une restauration conduite sur plus de trente ans, le plus important et le plus vivant musée d’art contemporain d’Italie. La plaine s’épaule très vite aux premiers contreforts de la montagne avec deux grandes vallées quasiment parallèles, le Val de Susa et le Val Chisone chapeautées par trois charmantes petites villes : Avigliana, Susa et Pinerolo, toutes riches d’histoire, d’art et de spiritualité.
Autour de l’an Mille, entre la montagne et le ciel, les verts paturages du Val de Susa ont sûrement inspiré les lieux de dévotion et de retraite qui s’y sont installés : Sant’Antonio di Ranverso, la Certosa di Monte Benedetto, l’Abbaye de Novalesa la plus ancienne. Mais la plus majestueuse est l’abbaye de san Michele de la Chiusa, plus connue comme la Sagra de San Michele qui a son pendant en Normandie entre mer et ciel... Tout proche encore de la capitale, le parc naturel des lacs d’Avigliana entoure le bourg médiéval qui déploie ses ruelles sous des arches et des portiques gothiques. À Susa, c’est la monumentale Porta Savoia d’origine romaine qui vous ouvre la via dell’ Impero Romano jusqu’à l’Arc d’Auguste, érigé en l’an 8 av. J. C., les vestiges des thermes et de l’ amphithéâtre. Un peu plus loin, c’est le Grand Bois de Salbertrand – où cerfs et chamois vivent en toute quiétude dans les forêts de chênes et de pins – qui entoure le Fort d’Exilles, signalé dès 1192, qui servit à la France dans toutes les guerres avec la maison de Savoie et où furent emprisonnés des personnages célèbres, comme François de Bardonnèche an 1332 ou le prince Zizime en 1482. Cette vallée se termine à Bardonecchia, station de ski olympique et route d’accès au tunnel du Fréjus protégée par une autre sentinelle de pierre, le fort de Bramafam.Vers la frontière française de Montgenèvre ce sont les typiques villages de Sauze d’Oulx et de Claviere qui attendent aussi les athlètes.
Les vallées vaudoises formées par la vallée du Chisone et la vallée du Pellice constituent autour de Pinerolo une petite région bien à part dans le Piémont puisqu’elles regroupent les principales communautés vaudoises existant encore. Cette confrérie fondée à la fin du XIIe siècle à Lyon pourrait s’apparenter aujourd’hui aux Eglises évangélistes presbytériennes. Longtemps persécutés ils jouissent à présent d’une égalité de droit avec les catholiques et conservent à Torre Pellice une église, un institut et un musée. La petite ville de Pinerolo est quant à elle plus connue pour avoir abrité pendant un siècle le siège de la mythique Ecole de Cavalerie Italienne (cf musée National de la Cavalerie). Moins, pour avoir été, dans sa forteresse alors possession française, le lieu où furent emprisonnés le “Masque de Fer” et Nicolas Fouquet. En poursuivant la départementale 28 qui longe le Val Chisone jusqu’à Sestriere, on croise la grande muraille cyclopéenne qui monte à l’assaut du fort de Fenestrelle, construit entre 1727 et 1837 pour se protéger de la menace française... Sestriere enfin qui accueillent les épreuves reines des Jeux et dont les deux tours, construites dans les années 30, sont restées ancrées dans l’imagerie touristique italienne.



LES SITES OLYMPIQUES (du 10 au 26 février 2006) ET PARALYMPIQUES (du 10 au 19 mars)

À Turin, le quartier olympique administratif s’est installé au Lingotto (ancien site des usines FIAT transformé il y a quelques années déjà par Renzo Piano en un complexe hôtelier, commercial et culturel). Les cérémonies et les épreuves de glace (patinage de vitesse, patinage artistique, hockey sur glace et une nouvelle discipline le short trak) auront lieux dans de nouvelles structures signées Gae Aulenti, Arata Isozaki et Renzo Piano.
Pinerolo : curling
– Dans le Val Chisone : Pragelato (saut à ski, ski de fond, combiné nordique, Sestriere (ski alpin hommes), Cesana (Biathlon, ski alpin femmes, bobsleigh, luge et skelton)
– Dans le Val de Susa : Bardonecchia (surf des neiges), Sauze d’Oulx (ski acrobatique)

SITES D'ENTRAÎNEMENTS
– Torre Pellice (hockey sur glace)
– Claviere et Prali (ski alpin, ski de fond)
– Chiomonte (ski alpin)
PROGRAMME, BILLETTERIE ET HÉBERGEMENT
en Italie : www.torino2006.org
en France : www.billetsturin.fr, dans les Fnac et la plupart des hypermarchés Carrefour, vo-italia.com
ACCESSIBILITÉ
Tous les sites olympiques en montagne sont faciles d’accès (y compris pour personnes à mobilité réduite) ; il est possible d’utiliser le train, la voiture mais aussi les services de transport olympiques jusqu’à des parking-relais et prendre ensuite un service de navette pour rejoindre directement les sites de compétition.



TORINO ET LES OLYMPIADES DE LA CULTURE

En marge des Jeux Olympiques et Paralympiques, une grande organisation culturelle, Italyart, propose pendant cinq mois, à Turin et sur les nombreux autres sites des manifestations très diverses permettant ainsi de découvrir la richesse des musées turinois (Musée des Antiquités égyptiennes, Musée d’art contemporain de Rovigo, Musée du Cinéma...).et la beauté de certains sites (Fort d’Exilles, Fort de Fenestrelle, Fort de Bard, abbayes...).



À RETENIR
– Art visuel : difficile de faire un choix parmi les trente évènements proposant des expositions classiques (Inuit, Riflessi di Pietra, Paesaggio e veduta da Poussin a Canaletto à Turin...) et des installations contemporaines (Triennale Torino à Rivoli, Tremusei e sindrome de Pantagruel à Rivoli, The Snow show à Sestriere, Arte e video à Torre Pellice, Pitture sotto Zero à Fenestrelle....
– Musique (art lyrique, jazz, musique occitane piémontaise)...
– Théâtre et Danse : Il Colore Bianco une chorégraphie féerique de Fatou Traoré, originaire du Mali...
– Histoire et Société : Forza Motrice- Protagonisti del design e della technologia automobilistica italiana permet aussi de visiter à Turin le Centre Historique FIAT...
– Cinéma et Littérature : Venti classici del cinema italiano...

PROGRAMME, DATES ET LIEUX disponibles sur www.torino2006.org/italyart



GUIDE PRATIQUE

HÔTELS (pages 218 à 226 du guide)
Torino : Villa Sassi, Hotel Victoria, Meridien Lingotto, Hotel Art+Tech, B&B Ai Savoia
Cantalupa : Locanda della maison verte
Torre Pellice : Flipot Hotel restaurant
Usseaux-Pragelato : Albergo Lago Laux
Sauze d’Oulx : Gran Hotel Besson et Il Capricorno
Sestriere : Grand Hotel Principi di piemonte




GASTRONOMIE, CAFFÉS, SPÉCIALITÉS (Torino : pages 615-618, Les vallées olympiques 2006 : pages 623-624 du guide)
Turin, ville gourmande, aime à se retrouver dans ses grands caffés qui ont gardé le faste et l’atmosphère d’antan et où l’on se retrouve autour d’un bicerin, d’un Martini ou d’un Gancia. Autre rituel turinois les pasticcerie où le chocolat est roi : una calda tazza di cioccolato, un gianduitto, un bônet un dessert typiquement turinois ...mais aussi des marrons glacés, des amaretti....
En ce qui concerne la cuisine, les tables sélectionnées vous feront découvrir les classiques de la cuisine piémontaise ainsi que les saveurs fortes et originales des vallées. Entre Avigliana et Exilles le vignoble qui couvre les pentes montagneuses donne enfin un agréable Valsusa rosso doc.



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